A travers ce reportage
imaginaire, vous allez découvrir le quotidien à Villiers Saint
Georges en 1900 :
Lundi 15 octobre 1900,
jour de Sainte-Thérèse. Le soleil s'est levé à 6 h 51. Etant
à Provins où je compte encore quelques amitiés du temps
de mon régiment, je décide, puisque l'arrière-saison est
belle, d'aller passer la journée à Villiers Saint Georges.
Je me renseigne sur les moyens de transport pour me rendre à ce
chef-lieu de canton. Il faut prendre la voiture publique, qu'on
appelle encore la diligence, de Sézanne. Il y en a deux
par jour m'a-t-on assuré ; malheureusement cette patache ne part
de l'hôtel de la Fontaine, 15 rue Victor Arnould, qu'à une
heure et quatre heure de l'après-midi. Il n'y a d'autre solution
que d'aller chez un entrepreneur de "voitures à volonté",
ne me sentant pas le courage de faire à pied les 14 km qui séparent le chef-lieu
d'arrondissement du but de mon excursion.
Après un essai infructueux
chez Thévenez, 14 rue des Faisceaux, qui doit présenter
ses chevaux au service de la remonte en vue d'une éventuelle
mobilisation, et une rebuffade chez Rebuffet, 5 rue de la
Venière, qui doit conduire son tilbury chez Piardon, le
peintre en voitures de la rue Félix Bourquelot, Levasseur, 10
rue de la Cordonnerie accepte. J'en ai pour une sonnette, comme
on dit ici et j'espère que mon patron acceptera la note de frais
! Enfin, la qualité de nos lecteurs mérite bien quelques
sacrifices, même si dame Pierrette, notre dévouée
caissière, qui est toujours si bien coiffée comme sa consoeur
du Grand Café, pousse des hauts cris ! J'embarque dans une
carriole brinquebalante qui dû faire les jours de la Monarchie
de Juillet, attelée à une jument poussive et pétaradante (pas
de danger qu'on réquisitionne une telle haridelle un jour !),
presque aussi vieille que sa charrette, et fouette cocher !
Tout en regrettant "Jonquille",
le cheval du temps où j'étais militaire, et du haut du perchoir
ambulant, je peux tout à loisir admirer le paysage et surtout
contempler les travaux champêtres : ici on arrache les
betteraves, on procède aux semailles d'hiver, on charrie le
fumier ou l'on épand la chaux et la marne, là où on cueille
les raisins blancs, il en reste dans quelques jardins, on sème
les épinards, la mâche et le cerfeuil, on récolte les fruits
des vergers et les carottes, on gaule les noix et on repique
l'oignon blanc.
Me voici, enfin, rendu à
destination après plus de deux bonnes heures de cahots et les reins en
capilotade. Je serais allé presque aussi vite à pied ! Et voilà mon phaéton qui
s'inquiète de savoir s'il doit m'attendre ? Je vois d'ici dame Pierrette me
faire les gros yeux, qu'elle a fort joli au demeurant. Je le congédie en lui
disant que je rentrerai par la
voiture publique en fin d'après-midi. Je demande où est la
mairie.
On me l'indique, près de l'église.
C'est
un grand bâtiment à deux étages, le second est mansardé, les
parements alternés de pierre blanche et de brique rouge lui confèrent
une certaine élégance. L'édifice sert également d'école de
garçons et de salle d'audience pour la justice de paix. J'entre
et me dirige vers la porte marquée "secrétariat". Un
homme affable me reçoit. Il se présente : Donard, secrétaire
de mairie et caissier de la Caisse d'Epargne. Je me fais connaître
à mon tour et décline le but de ma visite : rencontrer M. le
Maire si cela était possible.
Effectivement c'était
possible, le Dr Lallement étant dans son bureau. Après quelques minutes
d'attente, je suis introduit auprès du premier magistrat du dernier
chef-lieu de canton (par ordre alphabétique) de Seine-et-Marne.
M. le Maire, un homme d'une cinquantaine d'années, s'enquiert du but de ma
visite qui l'étonne un peu, car on ne voit, précise-t-il avec un brin
d'ironie, que peu de visiteurs dans sa commune, mis à part les candidats
aux sièges de députés, conseillers généraux ou d'arrondissement mais
seulement en période électorale !
Le but de ma visite est simple : tout savoir sur sa commune en cette aube
du XXe
siècle !
- Il se présente : Louis-Alfred Lallement, docteur en médecine, maire de
Villiers-Saint-Georges. Diplômé de la faculté de médecine de Paris en
1880, je suis venu aussitôt m'installer ici, où mon père Louis-Marie, fut
très longtemps vétérinaire.
- Etiez-vous le premier médecin du village ?
- Village, comme vous y allez ! Villiers-Saint-Georges est un chef-lieu de
canton ! Non, j'ai succédé au docteur Flament qui a exercé pendant une
bonne dizaine d'années et qui lui-même avait remplacé l'officier de santé
Tintillier...
Devant mon air interrogateur, le Dr Lallement m'explique :
- Un officier de santé était un médecin qui était autorisé à exercer sans
avoir le grade de docteur. Cette faculté a été supprimée récemment en
1892.
Et il poursuit :
- Villiers-Saint-Georges avait 838 habitants en 1841, au moment de la
fusion avec deux minuscules communes : Flaix, alors 57 habitants et
Champcouelle qui en comptait 129.
Flaix, ancienne paroisse avait d'ailleurs été réunie en 1615 à la cure de
Saint-Jean-Baptiste de Gondelot. Gondelot fut annexé à Augers-en-Brie en
1790, tandis que Flaix devenait commune en titre.
Nous étions 1013 en 1861, et seulement 991 en 1891. En 1896, le
dénombrement nous donna seulement 953 habitants, dont 292 électeurs, qui
sont, comme vous le savez, uniquement les hommes âgés de 21 ans et plus,
mais maintenant nous devons avoir dépassé le millier d'après M. Donard,
mon secrétaire qui vous a accueilli tout à l'heure.
Comme tous les chefs-lieux de canton, nous avons une justice de paix, dont
les audiences ont lieu ici même chaque mercredi, un receveur de
l'enregistrement, une brigade de gendarmerie implantée ici entre 1821 et
1835 ; la nôtre est à cheval, elle est actuellement commandée par le
brigadier Heurley.
Nous avons naturellement des
écoles : à celle des garçons, c'est-à-dire le bâtiment où
nous nous trouvons actuellement, M. Lepoix est instituteur
et M. Villin, adjoint. Mme Minost est institutrice
des filles, avec Mlle Courois comme adjointe, tandis que Mme
Lepoix est directrice de l'asile, ou de l'école maternelle
comme on dit aujourd'hui. Nous avons un receveur buraliste débitant
de tabac qui exceptionnellement ne tient pas un café, un bureau
de poste dont Mlle Launay est receveuse, un greffier de
paix, un huissier, qui, précise avec malice mon interlocuteur,
s'appelle Me Bienaimé, un comble pour quelqu'un amené à
opérer des saisies, sans oublier un tout jeune médecin,
puisqu'il est diplômé depuis sept ans à peine, le Dr Dupont,
qui m'a succédé. et qui se fera une place à Villiers j'en suis
persuadé, un vétérinaire, M. Foy qui a remplacé mon père, deux géomètres et une
subdivision de sapeurs-pompiers commandée par l'entrepreneur de bâtiments
Billy.
- Quelles sont les activités économiques de votre commune ?
- Essentiellement agricoles, avec seize grosses exploitations dont une
seule, celle de Verse, est cultivée par son propriétaire, en l'occurrence
le comte de Rochefort. En réalité, le comte Aymard de Rochefort, également
propriétaire du château de Flaix, exploite directement sa ferme par
l'entremise d'un régisseur.
Les autres fermes sont en location, dont une à l'hospice de Blois.
Beaucoup d'activités artisanales et même commerciales de la commune sont
liées au travail de la terre : marchands de bois a brûler ou de sciage,
boisseliers tonneliers, bourreliers, charrons, cidriers, entrepreneurs de
battage, grainetier, maréchaux-ferrants en même temps serruriers.
En plus de toutes ces branches d'activité nous avons un boucher, deux
boulangers, sept épiciers dont certains sont aubergistes, bonnetiers,
sabotiers (ils vendent des sabots plus qu'ils n'en fabriquent bien que, me
semble-t-il, le père Guezou soit encore véritablement sabotier), marchands
de faïence, merciers ou chapeliers (ce sont les "grands" magasins de
Villiers où l'on trouve un peu de tout) et un charcutier, un charpentier,
deux chaudronniers,
deux
marchands de chiffons et autres peaux de lapin, deux coiffeurs dont l'un
partage ses activités entre les ciseaux et le comptoir car il tient
également un café, quatre entrepreneurs de maçonnerie et couverture, un
horloger bijoutier, deux loueurs de voitures, un marchand de quatre
saisons, trois menuisiers dont l'un est répertorié de plus comme marchand
de meubles, un papetier, deux peintres vitriers, deux tailleurs d'habits
et deux marchands de vins en gros. Et l'on peut s'assurer chez les
différents hommes de loi de la bourgade.
- Pas d'industries ?
- Peut-on appeler industries le moulin, la fabrique de briques et de
tuiles de M. Maricot ou les deux exploitations de sablières ?
- En résumé, M. le Maire, vous avez tous les corps d'état ?
- En quelque sorte oui. Et il le faut, car nous sommes loin de tout,
pratiquement à mi-chemin entre les grandes routes d'Epernay et de Troyes,
sans moyens de communication ou presque et aller à Provins est une
véritable expédition...
- Ne m'en parlez pas, M. le Maire !
- ... Et nous sommes bien tenus, par la force des choses, de vivre
pratiquement en autarcie...
- Pardon ?
- En circuit fermé si vous préférez !
Mais l'Angélus venait de sonner au clocher proche. M. le Maire se lève.
Est-ce déjà la fin de notre entretien ? Je n'ai eu guère le temps de poser
toutes mes questions. Le Dr Lallement, me voyant interloqué, sourit de ma
méprise :
- Il est l'heure de passer à table, ami, et je vous invite chez Souy, à
l'hôtel Saint-Eloi et je convierai en route un autre commensal qui vous
éclairera de ses lumières qu'il prétend éternelles.
Nous sortons de la maison commune. Le maire ouvre la porte de l'église et,
familièrement, hèle en entrant :
- Oh ! curé, êtes-vous là ?
Il revient aussitôt accompagné d'un digne ecclésiastique qu'il me présente
:
- Le chanoine honoraire. Etienne Jamais, notre curé doyen,
- De première classe, M. le maire, je suis curé de première classe,
précise timidement le saint homme.
- Eh bien, curé de première classe, que diriez-vous de venir avec nous
jusqu'à l'hôtel Saint-Eloi partager le pain et le sel histoire de vous
changer de l'autel Saint-Georges ?
Décidément, ces médecins sont incroyables. Même à l'âge mûr, il faut
qu'ils fassent des calembour de carabins !
- Chemin faisant, curé de première classe, ajoute-t-il en faisant un clin
d'oeil discret dans ma direction, vous présenterez notre église à ce jeune
homme curieux de tout savoir sur le bourg.
Le curé, tout en marchant et appuyant son récit par des gestes onctueux,
nous décrit le monument, entrevu, juste le temps de l'invitation à
déjeuner :
- Notre église remonte à l'époque de la transition
XIe et
XIIe siècles). Romane
XIe, elle l'est par
l'épaisseur de ses murs, par la chapelle à droite du choeur, par les trois
petites baies latérales et par l'arcade en bas du choeur du bas-côté. Elle
est également du
XIIe par ses piliers
rectangulaires, par les trois arcades du bas-côté, par celle qui sépare la
nef du choeur qui, lui, est du
XIIIe ainsi que l'abside, le
reste est
XIVe siècle.
Autrefois, parmi ses insignes reliques elle
conservait le chef de saint Georges. Envoyé
en 1562 à Saint-Ayoul de Provins, il n'en est jamais
revenu hélas. Néanmoins, il nous reste des reliques de saint
Gengoul et de saint Eutrope.
Le retable du maître-autel
à colonnes torses ornées de feuilles de vigne est de la
Renaissance, enfin l'édifice possède plusieurs pierres tombales
qui ne sont pas inintéressantes.
Nous franchissons la porte
de l'hôtel Saint-Eloi. A la demande du maire, le patron nous installe à une
table relativement isolée, où il nous est loisible de continuer notre
conversation ou plutôt notre dialogue car M. le curé semble plus intéressé
par le contenu de son assiette que par la présentation de sa paroisse. Les
problèmes actuels et laïcs ne semblent guère avoir de prise sur lui.
- Dites, M. le Maire, le Saint-Eloi semble bien achalandé. Avez-vous
beaucoup d'auberges dans votre commune ?
- Villiers possède dix auberges, débits de vins et hôtels soit un pour
quatre vingt quinze habitants. Il est vrai que le pays est étendu sur plus
de 3300 ha avec ses quatre hameaux et ses sept écarts (maisons ou fermes
isolées). Vous savez qu'un quart des maisons, avec le quart de la
population, est en dehors du bourg même.
- Existe-t-il des sociétés locales ?
- Nous avons une société de Secours mutuels, présidée par le menuisier
Moreau et une fanfare dont j'assume la présidence, et qui est dirigée par
M. Couesnon, cultivateur à Champcouelle où il met en valeur la ferme de M.
Herbelin.
- Y a t-il des traditions locales, des fêtes spécifiques à la commune ?
- Nous avons une foire annuelle le deuxième mercredi de juillet, mais elle
n'a plus l'éclat d'autrefois... Quant à celle du 10 avril, elle n'est plus
qu'un souvenir, l'annuaire de cette année ne l'a pas même mentionnée.
- Nous avons également la fête patronale, interrompt le curé en levant
enfin le nez de son assiette, le 23 juillet ou le dimanche suivant...
- Certes, reprend le maire, mais tout comme la fête communale du troisième
dimanche de septembre, elle n'est guère différente de la fête des autres
communes de la contrée. Comme partout ailleurs, les pompiers fêtent la
sainte Barbe. Toutefois, depuis quelque temps, une tradition provinoise
s'étend à Villiers : celle des niflettes, ces petits gâteaux en pâte à
choux, qu'on ne vend qu'à la Toussaint. Si j'avais su que vous veniez,
j'aurais demandé à la patronne de nous en faire quelques unes pour le
dessert avec quinze jours d'avance.
Juste à ce moment la patronne apporte trois tasses et une cafetière
fumante. Le maire l'interpelle :
- Dites, Mme Souy, ne craignez-vous pas que votre café soit un peu sec ?
Apportez-nous donc quelque chose de bon pour l'arroser afin de faire
honneur à nos hôtes !
La patronne revient aussitôt avec une bouteille dont le goulot cacheté de
cire rouge semble de fort bon aloi.
- Donc pas d'anecdotes, repris-je, de fait divers ou d'hommes célèbres ?
- Notre canton s'enorgueillit d'avoir vu naître le professeur de médecine
Farabeuf, qui fut d'ailleurs notre conseiller général mais qui a abandonné
son siège en 1888 pour se consacrer au professorat. Né à Beton-Bazoches en
1841, Farabeuf est un grand bonhomme et croyez sur parole le disciple
d'Hippocrate qui vous parle : professeur d'anatomie à la Faculté de
médecine de Paris, enseignant original mais dessinateur remarquable, il
rénova l'enseignement de l'anatomie et la médecine opératoire.
Le pays est calme. Il n'y a pratiquement pas de délinquance. Nos braves
gendarmes et nos gardes champêtres Langlois et Souy (ce dernier est
apparenté à notre amphitryon), n'ont pas trop de travail avec les
malfaiteurs. Ce n'est pas comme à Léchelle, un village du canton distant
de 10 Km, où, le 10 juin dernier, se déroula un drame. A la suite d'une
discussion entre l'abbé Vallier, curé du pays, et plusieurs ouvriers pris
de boisson, l'un de ces derniers saisit le revolver dont le curé s'était
armé et lui tira une balle. Le pauvre prêtre succomba quelques heures plus
tard.
A cette évocation, le doyen, se servit furtivement une petite rasade
d'eau-de-vie, sans doute pour calmer sa visible émotion.
- Mais il me revient en mémoire une histoire qui devrait vous intéresser,
curé !
Le curé, qui maintenant savourait béatement sa tasse de café arrosée d'une
vieille prune du pays, leva un sourcil interrogateur tandis que le maire
enchaînait :
- Cela se passait en 1821, à Champcouelle, vous savez cette commune
annexée à Villiers-Saint-Georges en 1841, dans la ferme de l'adjoint au
maire. Il y eut une sombre histoire de sorcellerie, avec un berger
assassiné et enterré selon le rite réservé, d'après la vieille croyance
des campagnes aux sorciers supprimés par violence...
Mais je voyais l'heure tourner à la pendule de la grande salle enfumée et
je n'avais pas toutes les informations sur l'actualité de Villiers. Alors
cette histoire vielle de soixante-dix neuf ans...
J'interrompis l'édile, un peu cavalièrement, ce qui est normal ayant fait
mon temps au 29e Dragons, à Provins justement :
- Nous évoquions tout à l'heure les transports publics, M. le Maire, qu'en
est-il exactement ?
- C'est le gros problème de mes administrés. Tout enfant, j'avais neuf
ans, je me souviens de l'arrivée du chemin de fer à Provins le 11 décembre
1858, venant de Longueville. Et depuis nous attendons. Mais les travaux
sont bien avancés maintenant sur le tracé Provins-Esternay dont
l'ouverture est prévue pour dans deux ans. Oui, mon bon ami, en 1902,
Villiers-Saint-Georges aura sa gare. Mais en attendant, nous ne sommes
desservis que par la voiture publique de Provins à Sézanne, qui passe ici
le matin à 8 h 30 pour arriver à Provins à 9 h 45 ; au retour, elle part
de Provins à 2 h de l'après-midi pour arriver ici une heure et demie plus
tard. On a donc guère de temps pour traiter nos affaires dans notre
sous-préfecture !
Il y a aussi la voiture Villiers-Saint-Georges - Provins, encore moins
pratique, elle part tous les jours à 6 h du soir pour en repartir à 11 h
30 ! Elle a cependant un service supplémentaire, chaque samedi à 11 h du
matin et repart de Provins à 5 h 15 de l'après-midi. Alors, quand il est
urgent de se déplacer, pour aller chez le notaire à Beton-Bazoches ou à
Chalautre-la-Grande, il faut louer une voiture chez Mirvaux ou chez
Vazelle. Trois commerçants, le maréchal Dupont, le chaudronnier-lampiste
Fahy et l'épicier-mercier Brunier vendent bien des vélocipèdes, mais les
femmes et les personnes âgées, on les comprend, répugnent à se servir de
ces moyens de transport.
- Alors, rendez-vous pour l'inauguration de la gare, M. le Maire ?
- Oh, vous savez, je n'ai plus l'intention de briguer cette place. Avec
l'âge et la vie agitée que j'ai menée, nous n'étions que quinze médecins,
un peu plus nombreux que les sages-femmes et les vétérinaires, qui étaient
onze dans chacune de leur catégorie, pour tout l'arrondissement de Provins
soit une population de 52 000 habitants, j'aspire à un peu de repos.
L'heure étant proche de rentrer à Provins, je pris congé de mes hôtes.
A 6 h du soir, à la raide nuit puisque le soleil s'est couché à 5 h 10, je
montai dans la voiture publique qui allait me permettre de regagner, sous
la faible clarté du dernier quartier de la lune, la vieille cité des
comptes de Champagne.
Fort heureusement, le Dr Lallement avait réglé l'addition. Je n'aurais pas
à la présenter à dame Pierrette qui n'aurait donc pas à faire la fine
bouche, qu'elle a d'ailleurs fort attirante. Extrait de :"Notre Département
: La Seine et Marne, n°15 Octobre-Novembre
1990"
Retour à l'accueil |